Actualité

Info

Les nouvelles technologies pour booster l'insertion

©iStock/metamorworks

Encore peu utilisées, les innovations technologiques pourraient parfois améliorer la prise en charge dans les mesures d’insertion. Mais le coût reste un frein important.

Intelligence artificielle, objets connectés, réalité virtuelle, blockchain… Les innovations technologiques nous sont souvent vendues comme les leviers d’une prochaine révolution numérique : un monde toujours plus connecté, décentralisé et automatisé. Au-delà des craintes que peuvent susciter ces évolutions, notamment les aspects liés à la protection de la vie privée, certains outils, lorsque leur utilisation est bien encadrée, améliorent l’apprentissage et la mise en situation en simulant le réel. Dans ce cadre, nous avons voulu savoir si les nouvelles technologies étaient utilisées ou suscitaient de l’intérêt dans l’insertion socioprofessionnelle.

Mais un constat s’est rapidement imposé : il est difficile de trouver des exemples concrets parmi les membres d’Insertion Vaud. “Nous avons souvent la tête dans le guidon, avec des mesures d’insertion qui satisfont les institutions qui nous financent, relate Cathy-Jill Barraud, directrice d’IPT Vaud. Il n’est donc pas facile de se pencher sur des projets d’amélioration innovants utilisant des nouvelles technologies.” Un problème de temps et de ressources, mais aussi d’argent. “Nous avons certes voulu tester l’utilisation d’un logiciel pour simuler les entretiens d'embauche avec un avatar numérique, poursuit-elle. Mais les coûts étaient malheureusement trop élevés pour poursuivre l’expérience.”

Même problématique du côté de Lab4tech, une mesure active qui s'adresse aux demandeur·euse·s d'emploi du domaine de l'informatique spécialisée. "Nous avons décidé de tester le logiciel Vima, une plateforme externe affiliée à l'institut de recherche Idiap à Martigny, explique son directeur Olivier Vanhiesbecq. Celle-ci analyse, avec des outils d’intelligence artificielle, le comportement à travers des enregistrements vidéo. Pour l’instant, le frein principal est le coût. Étant subventionnés à 100% par le SDE (Service de l’emploi - logistique des mesures du marché du travail), nous devrons montrer le bénéfice d’un tel outil pour pouvoir profiter d’un financement, même si, au final, le coût n’est pas exorbitant : entre 1'500 et 3'000 francs de frais annuels et entre 20 et 70 francs pour chaque utilisation."

L’intelligence artificielle plus alerte que l’oeil humain

Les tests effectués par Lab4tech sont très récents et encore en cours, mais les premiers résultats sont concluants. “Il suffit d’un ordinateur, d'une webcam et d’une pièce bien éclairée pour utiliser Vima. L’intelligence artificielle décèle alors des choses que l'œil humain ne voit pas, par exemple lorsque l’expression corporelle n’est pas en adéquation avec le message qui est communiqué. Nous pouvons ensuite faire un retour aux candidat·e·s pour qu’ils puissent améliorer leur présentation.”

Parfois, des solutions plus simples existent sans grand investissement financier. Lab4tech utilise ainsi le jeu informatique de construction Minecraft pour aider les bénéficiaires à comprendre la méthodologie Scrum visant à encadrer le développement de projets informatiques. “Avec ce jeu, nous simulons des situations qui pourraient se passer dans la vraie vie, par exemple lors d’un projet de développement d’un site internet, déclare le formateur Samuel Keller. Mais l’utilisation de nouvelles technologies sert plus, ici, à combler le fait de travailler à distance du fait de la situation sanitaire. Avant, nous avions la même démarche, mais avec des Lego.”

L’utilisation de jeux informatiques dans l’insertion professionnelle pourrait se développer à l'avenir. Appelés parfois “serious game” ou jeux sérieux, ces outils intègrent des aspects ludiques pour faciliter l’apprentissage. Selon certaines études, “79% des apprenant·e·s déclarent qu’ils seraient plus productifs et motivés si leur environnement d’apprentissage était plus ludique”, relatait un article de la revue REISO l’année dernière. Un chiffre que confirme une étude comparative française. Selon ses conclusions, “les impacts des serious games sur les apprentissages et la motivation semblent constituer un levier important pour la réussite des démarches d’accompagnement vers l’insertion”.

Réalité augmentée pour assimiler les métiers de la construction

Enfin, pour développer des projets technologiques ambitieux, reste la solution de la collaboration et la recherche de fonds publics. C’est la stratégie adoptée par l’Organisation romande pour la formation et l'intégration (Orif), à Sion. Elle a pu développer un outil spécifique en collaborant avec une haute école. L’antenne de Sion s'est ainsi alliée à la HES-SO Valais et a obtenu un financement de l’Agence suisse pour l'encouragement de l'innovation (Innosuisse) à hauteur de 350’000 francs. Le résultat : un outil innovant utilisant la réalité augmentée afin de faciliter l’apprentissage des métiers de la construction (voir vidéo : “Une application pour lire les plans 2D”). Encore en phase de développement, ce projet pourra être déployé dans les différentes antennes Orif en Suisse, ainsi que dans d’autres centres de formations, lorsqu’il sera prêt. Les maîtres socio-professionnels de l’Orif Sion utilisent également la réalité augmentée pour améliorer l’apprentissage de la soudure (voire vidéo : “Réalité augmentée pour apprendre à souder”).

Reportages vidéos : deux exemples d'utilisation des technologies dans le cadre de mesures d'insertion

Autres actualités