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Transidentités et insertion: “J’aurais pu mieux préparer mon coming-out au travail"

©Insertion Vaud

Une meilleure intégration des personnes trans*1 passe aussi par le développement d’environnement de travail soutenant lorsqu’une personne fait son coming-out et opère une transition en cours d’emploi. Exemple avec Raphaëlle Guglielmetti de la police de Nyon, probable première policière à avoir transitionné en cours d’emploi en Suisse.

“Ma transition s’est faite en deux phases, commence Raphaëlle Guglielmetti. Mon premier coming-out était en tant que personne “gender fluid”. Je naviguais entre les genres, affichant tant du masculin que du féminin qu’un entre-deux. Or comme je travaillais et habitais dans la même ville, je me suis dit qu’il fallait l’annoncer à mon employeur et mes collègues au cas où je me ferais contrôler au volant de mon véhicule. Puis je me suis rendue compte assez vite que j’étais une femme, et j’ai donc fait un deuxième coming-out en tant que femme trans* non-binaire.” 

Cette deuxième étape se fera alors un peu maladroitement. “Je n’ai pas été accompagnée par une association ce qui, avec du recul, était peut-être une erreur, estime-t-elle. Par exemple, j’ai dit à mon employeur que jusqu’au terme de mon parcours (que j’estimais à deux ans) je pourrais afficher du masculin. Une association m’aurait alors fait comprendre que je me faisais des illusions. Lorsqu’on a le ressenti d’être d’un autre genre que celui assigné à la naissance, le repousser à plus tard crée de la souffrance. Certes dans mon cas c’était femme, mais une formulation plus générique peut permettre à une autre personne trans* de mieux s’identifier. Et puis, lorsque l’on fait un travail sur sa voix, par exemple, on ne peut pas le faire juste sur son temps libre, en dehors du travail. C’est un travail qui doit être continu.”

Lors de ce coming-out, Raphaëlle Guglielmetti s’est toutefois sentie soutenue. Elle et son employeur n’ont alors pas jugé nécessaire de communiquer officiellement à tous les collaborateurs. “Cela n’était pas forcément judicieux, relate-t-elle. D’un côté, des gens me soutenaient naturellement et utilisaient des pronoms féminins pour me parler, mais ils ne se sentaient pas légitimes de le faire. Et de l’autre, des collègues me critiquaient derrière mon dos et se sentaient le droit de le faire parce que rien n’avait été clairement annoncé.” La direction a alors rapidement rectifié le tir en envoyant un courriel, clairement positionné en soutient, à tous les collaborateurs. « la dynamique est alors devenue plus positive et acceptante."

Manque de formations

Pour Raphaëlle Guglielmetti, ces couacs sont sans doute le fait d’un manque d’accompagnement et de formations, que cela soit dans le monde du travail, mais aussi dans le milieu médical ou dans la société dans son ensemble. Parce que la thématique des transidentités n’est encore que peu connue pour toute une partie de la population. “La génération Z est beaucoup plus en avance sur ces thèmes-là », poursuit-elle. Elle estime qu’un manque de connaissance des générations plus anciennes n’est pas bon pour la société, parce que cela ne fait qu'agrandir les incompréhensions entre les jeunes et les adultes.

Enfin, lorsque l’on interroge Raphaëlle Guglielmetti sur comment améliorer l’insertion socioprofessionnelle des personnes trans*, elle propose plusieurs pistes : “Pour les personnes concernées, je pense qu’il est toujours mieux de faire son coming-out, d’être le plus en accord avec soi-même. Cela donne de la confiance et de la force dans le processus d’insertion. Et si un employeur potentiel met de côté votre dossier de candidature pour cela, ce n’est finalement pas si grave parce que cela n’aurait de toute façon pas été un environnement de travail accueillant pour une personne trans*. Et du côté des accompagnants, je conseille d’être le plus ouvert et accueillant possible. Il y a la formation, bien sûr, mais aussi la présence de flyers, de signes distinctifs LGBTQI+. Et puis, on peut aussi accueillir les personnes en donnant ses pronoms et en leur demandant par quels pronoms ils souhaitent être identifiés. Ce sont de petites choses qui permettent d’aider les personnes à communiquer.”

 

1 Le * à trans* a été ajouté par volonté de la personne interviewée pour inclure toutes les transidentités

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