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Reportage
Connect’Emploi, un nouveau moyen de mettre en relations candidats et employeurs
L’association Motiv’Emploi a organisé pendant l’été 2020 trois matinées de job dating réunissant en tout une quinzaine d’entreprises et une centaine de demandeurs d’emploi, en collaboration avec l’Association de la Région Cossonay-Aubonne-Morges (ARCAM). Une manière de réseauter appréciée tant par les recruteurs que par les candidats, et que Motiv’Emploi serait enchanté de partager avec d’autres organismes prestataires de l’insertion pour de futures dates à travers le canton de Vaud. De gauche à droite : Oscar Cherbuin (ARCAM), avec Aline Kaminski, Charlotte Malka, Philippe Lefeuvre et Jean-Marc Narr (Motiv'Emploi). Photo de Marie-Lys Perrier-Bizeau (ARCAM).
Pas de vacances pour les demandeurs d’emploi. Ils étaient une trentaine à attendre sous le soleil, le jeudi 23 juillet 2020 à Cossonay, pour tenter de décrocher un des 38 postes offerts par les entreprises présentes, ou tout simplement pour se présenter en tant que candidats libres auprès des deux agences de placement partenaires de l’événement. Après Morges et Aubonne, c’était la troisième édition en quelques semaines de Connect’Emploi, une initiative de l’association Motiv’Emploi menée en collaboration avec l’ARCAM. Cette dernière, au service du développement économique de la région, a alerté tout son réseau d’entreprises afin que l’offre de places de travail soit au rendez-vous.
« Ce que nous apportons de plus, comparé à d’autres systèmes de job dating, c’est le briefing en amont et le check-out en aval avec chaque participant », explique Jean-Marc Narr, fondateur et responsable opérationnel de Motiv’Emploi. Sa collègue Charlotte Malka, formatrice chargée de préparer les candidats à l’entretien, souligne « le plaisir du face à face ». Elle conseille aux participants de laisser leur CV de côté et de chercher à se connecter à la personne qui recrute. « Servez sur un plateau ce pour quoi vous êtes fort et pourquoi vous êtes intéressés par cette entreprise ! » L’autre avantage du système, selon elle, c’est que « certaines personnes viennent pour un poste et finalement ont un contact supplémentaire avec un autre employeur ».
L’ancrage local, une force
Pour le directeur de l’ARCAM, Oscar Cherbuin, c’est l’ancrage local qui fait la force de ce type de rencontre. « Avec la crise du Covid, nous nous sommes dit que ce serait bien de favoriser l’emploi des gens de chez nous. Nous connaissons les entreprises, et même certains candidats. Cela leur donne du courage d’avoir un entretien. Car quand une annonce paraît, il y a beaucoup de postulations. Mais aussi beaucoup de frustration pour ceux qui ne sont jamais convoqués. »
Le public, lui, est très varié. Entre la jeune femme en emploi dans une grande enseigne qui cherche un nouveau poste dans la décoration plus en adéquation avec ses qualifications, et le senior proche de la retraite, ancien commerçant indépendant qui souhaiterait trouver quelques heures pour compléter ses revenus, une foule de profils différents sont venus tenter leur chance.
Il y a des personnes au chômage, comme cet informaticien de 35 ans dont le dernier CDD s’est terminé en octobre et que le confinement n’a pas aidé à rebondir, et des personnes à l’aide sociale, comme ce cinquantenaire au RI (revenu d’insertion) « depuis des lustres » qui dit saisir chaque opportunité possible pour réseauter. Un autre, plus jeune mais dans la même situation, repart avec des cartes de visite, qu’il juge « utiles car sinon, quand on appelle, on est bloqué à la réception ».
Informel et utile
L’ambiance est détendue et les contacts se nouent rapidement. Certains connaissaient Motiv’Emploi pour avoir suivi certains de leurs ateliers, d’autres ont découvert l’association à l’occasion de l’une des matinées similaires tenues à Morges ou Aubonne, et tutoient déjà les membres de l’équipe organisatrice. « Ici c’est moins formel que dans un recrutement ordinaire », décrit un dessinateur en bâtiment venu pour la deuxième fois afin de montrer sa motivation à l’une des boîtes de placement, et qui aura finalement un entretien supplémentaire avec les deux représentantes d’Orllati.
Marion Wegmann, adjointe RH chez le constructeur, lui a donné des tuyaux sur d’autres entreprises du bâtiment qui pourraient correspondre à son parcours. Parmi les candidats du jour pour les postes réellement mis au concours, elle a par ailleurs repéré une personne dont le profil lui a plu et garde son dossier pour la revoir. Elle estime que « les parcours atypiques peuvent être tout à fait intéressants ». Sa collègue Véronique Chaignat, responsable de la communication, trouve que « certaines personnes se vendent mieux en vrai que sur papier. Elles ont le courage de se mettre en danger. » Les deux collaboratrices d’Orllati, venues pour « recruter mais aussi pour aider », semblent enchantées de la matinée.
Même satisfaction du côté des candidats. Venu « sans apriori », un jeune homme au RI, très critique envers les nombreuses mesures d’insertion qu’il a déjà suivies, repart satisfait : « Les recruteurs m’ont donné des conseils utiles, comme de continuer à prendre des emplois temporaires et accumuler des points formation. Je vais mieux me préparer pour les prochaines fois ! »
Un concept à suivre
Pari gagné pour les organisateurs, qui affirment que quelques contacts ont débouché sur des engagements concrets lors de cette phase pilote, et soulignent que les entreprises sont prêtes à revenir pour de futures éditions. Selon Jean-Marc Narr, un objectif serait d’ouvrir ces événements aux candidats d’autres organismes d’insertion. Son initiative n’est en tout cas pas passée inaperçue chez la faîtière Insertion Suisse, qui l’a invité à venir présenter le concept lors d’une prochaine formation sur les réseaux d’entreprises, à Lausanne le 8 octobre 2020.