Actualité

Reportage

En mouvement vers l'insertion

 

Intégré dans certains programmes d’insertion socioprofessionnelle, le sport ou les activités en plein air améliorent la condition physique des participant·e·s, mais aussi bien d’autres aspects comme la langue pour les allophones ou encore les capacités de travail en équipe. Reportage au sein d’un atelier de l’OSEO Vaud et focus sur d’autres mesures de nos membres.

À la sortie du train, à Grandvaux en plein cœur du Lavaux, la chaleur est écrasante, ce mardi après-midi du mois de juin. Joalsiae Llado est job-coach & formatrice à l’OSEO Vaud. Elle arrive avec quatre participant·e·s à son atelier “Bouger pour ma santé”. “On va se mettre à l’ombre pour un petit échauffement”, lance-t-elle.

Joalsiae Llado, job-coach & formatrice à l’OSEO Vaud, montre des exercices d'échauffement aux participant·e·s

Sont présents Fred, de nationalité suisse, Silvia Marina du Brésil, Rosa Maria de Colombie et un jeune homme turc qui souhaite rester anonyme. C’est parti pour la séance de mise en condition, avant une balade qui doit les amener jusqu’à Lutry, dans des vignes luxuriantes et avec une vue à couper le souffle. La coach montre quelques exercices simples pour se chauffer les chevilles, les genoux, ou encore les épaules. “L’objectif est de leur montrer des gestes accessibles qu’ils peuvent facilement répliquer à d’autres occasions et créer un rituel pour eux-mêmes”, relate-t-elle. Le choix de la balade, aussi, n’est pas anodin : “Avec ce paysage, il y a un divertissement visuel, cela motive à marcher. On se dit que l’on va ramener des souvenirs”.

Une motivation à se bouger qui plaît à Rosa Maria. Elle a quitté la Colombie il y a 14 ans. “Avant je ne sortais pas beaucoup, raconte-t-elle. Ma situation ici, loin de ma famille restée en Colombie, me procure beaucoup de stress. Donc cela me fait du bien de bouger. D'ailleurs, depuis que je suis cet atelier, j’ai commencé à faire d’autres marches, le long du lac. Et puis je rencontre des gens sympathiques et j’améliore mon français en parlant avec eux.”

Des bienfaits multiples

Pour la responsable, la création de cet atelier au sein d’OSEO Vaud il y a quelques années fut une évidence. “Le mouvement permet une forme d’élévation de l’état d’esprit, de faire face aux problèmes de façon plus créative, déclare Joalsiae Llado. Alors, en tant qu'ancienne athlète professionnelle, je trouvais que ça faisait sens d’intégrer l’activité physique dans une mesure d'insertion : on y trouve des valeurs fortes telles que l’humilité, la remise en question, la persévérance, la rigueur, notamment.”

Si ce jour-là, ils sont quatre, habituellement, ce sont une dizaine de personnes qui participent une fois par semaine au programme. Celui-ci varie de la balade à des jeux de mobilité ou de stratégie inspirés de ceux utilisés dans le team building. “Le groupe cible est composé de personnes de tout âge, de 18 à 55 ans, explique-t-elle. Ce sont des profils relativement sédentaires, qui ont besoin de retrouver confiance en leur capacité à se mobiliser et à se sentir agir”. L'atelier a vu le jour au travers du projet InVaud en 2017 regroupant un public allophone et est ouvert, aujourd’hui, aussi aux francophones, permettant une mixité intéressante en termes d’insertion.

En chemin vers Lutry, le petit groupe s’arrête vers la statue de Corto Maltese à Grandvaux. Joalsiae Llado profite de cette petite pause pour lancer un jeu. Les participant·e·s doivent trouver le nom du personnage de bande dessinée et de son auteur, l’Italien Corto Maltese qui a vécu les dix dernières années de sa vie dans le village vaudois. Une manière ludique de découvrir un peu de culture locale avant de reprendre l’effort sous le soleil.

Pour la coach, aucun doute, ce genre d’atelier a toute sa place dans des programmes d’insertion socioprofessionnelle. “Je pense que le sport et les activités physiques sont même un outil sous-exploité dans l’insertion, affirme-t-elle. On me dit parfois : “c’est super ton atelier toutes les semaines, mais est-ce que cela aide réellement au placement sur le marché du travail ?”. Je réponds “non, pas directement”, mais c’est une base indispensable qui permet de reprendre confiance en soi et à apprendre à collaborer en équipe.”

 

 

FOCUS

Des personnes migrantes dans des clubs

Avec le nouveau projet Diversi’Team de l’EPER, des personnes migrantes peuvent intégrer des clubs sportifs ou des équipes. “À travers un autre programme de l’EPER, on s’est rendu compte, au contact de personnes migrantes, qu’il y avait une demande pour pratiquer du sport, mais qu’il y avait des barrières, comme le coût ou la difficulté à trouver un club, relate la stagiaire assistante de projet de DiversiTeam Tamara Strasser. Un projet pilote a été monté et a permis à 25 personnes de rejoindre une équipe. Cette première saison a remporté un grand succès. En 2023, 40 personnes supplémentaires devraient rejoindre Diversi’Team.”

C’est toujours la personne bénéficiaire qui vient avec une envie. “Parfois c’est un·e sportif·ive, parfois non. On cherche ensuite un club ou une équipe prête à l'accueillir. Les frais sont pris en charge par le programme. Parfois ils sont partagés avec l’EVAM, le club ou un autre partenaire.”

L’objectif du programme est multiple. “Premièrement, et c’est sans doute le plus important, cela crée du lien social avec une population qui souffre souvent d'isolement social. Les personnes migrantes qui viennent nous voir nous disent : “je veux pouvoir rencontrer des gens et parler français”. Diversi’Team permet d'établir un lien direct avec la population. Cela améliore aussi les compétences linguistiques. Les participant·e·s apprennent le français dans un contexte différent d’un cours, durant les entraînements ou via le groupe WhatsApp de l'équipe. Et puis, le côté de promotion du sport et de la santé est également très important. On le sait, pratiquer une activité physique régulière a des effets positifs sur la santé physique, et également mentale. Les entraînements rejoints grâce à Diversi’Team sont souvent le seul loisir que les participant·e·s ont et représentent une parenthèse bienvenue dans leur quotidien. Diversi’Team permet un suivi personnalisé pour trouver une activité physique adaptée à chacun·e, selon les besoins et possibilités des personnes inscrites.”

Les sports sont très variés : soit collectifs, comme du foot, du volley, du basket, ou s’exerçant en groupe, comme la danse, le yoga, la natation ou la grimpe. Les activités individuelles comme le fitness ne sont cependant pas acceptées.

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FOCUS

Un après-midi sport pour relâcher la pression

La mesure d’insertion Bio+, qui fait partie de l’association Mobilet', accompagne les 15-25 ans dans la construction de leur projet professionnel. Depuis près d’un an, elle intègre un après-midi hebdomadaire consacré à des activités sportives, sous la responsabilité de Gustave Deghilage. “Avant, cela se faisait de manière épisodique, explique-t-il. Il n’y avait pas toujours de personnes à l’interne prêtes à assumer cette activité, et pas de budget pour engager des personnes externes. Mais en tant qu’ancien entraîneur d’athlétisme, il me tenait à cœur de pérenniser le projet. Pour nous, il est important de proposer du sport aux participant·e·s. Cela leur permet bien sûr de bouger, d’améliorer leur condition physique et leur mental. Mais c’est également une opportunité pour eux de vivre une activité qui sorte du programme « professionnel », essentiellement axé sur la recherche d’une formation (rédaction de CV et de lettres de motivation) et sur les appuis scolaires.

Ainsi, chaque jeudi après-midi une activité différente est proposée : il y a notamment du football, du basket, du volley, de la course à pied, de la boxe, de la grimpe, du badminton ou encore de la condition physique. Les jeunes peuvent alors s’inscrire aux activités qui les intéressent. Dix places sont proposées chaque semaine, mais c’est régulièrement entre 5 et 6 personnes qui participent.

“On a tout type de public, relate le responsable. Bien sûr, il y quelques “footeux” qui ne s'inscrivent que pour cette activité lorsqu’elle est proposée, mais il y a aussi des jeunes moins sportifs, qui veulent simplement bouger. Il n’y a aucune obligation de participer à ces activités. Par contre, il peut y avoir une discussion avec la personne référente pour motiver un.e jeune à participer.”

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