Actualité

Info

Interview de Stéphane Manco, président d’Insertion Vaud de 2002 à 2025

Après 2 années de vice-présidence et 23 années de présidence, Stéphane Manco s’apprête à passer le relais à la tête d’Insertion Vaud. Présent au comité depuis 1999, il a accompagné l’association dans toutes les étapes de son développement, avec engagement, diplomatie et un sens profond du collectif. Retour sur ce parcours hors norme.

 

Delia Guggenbühl et Stéphane Manco

 

Comment est née l’association et comment a-t-elle évolué ?

L’association a été créée en 1997 - Michel Cornut comptait parmi les fondateurs - sous le nom d’AOMAS Vaud. À l’époque, elle regroupait une dizaine de membres, qui étaient tous des organisateurs de mesures du marché du travail. Le fonctionnement de l’association était entièrement bénévole, et le président faisait tout, vraiment tout. Ce n’est qu’en 2011 qu’unsecrétariat a été créé. Cela a permis de décharger la présidence du travail administratif. Par la suite, Insertion Vaud a pu engager davantage de personnel pour mener différents projets, dont notamment plusieurs projets pilotes, permettant de tester des modèles novateurs d’insertion socio-professionnelle. Aujourd’hui, le fonctionnement de la faîtière est solide, professionnel et bien ancré.

Quels ont été, selon toi, les principaux impacts d’Insertion Vaud sur ses membres ?

Je dirais trois choses. D’abord, la professionnalisation des membres, notamment grâce à la norme IN-Qualis (autrefois AOMAS) et plus généralement aux échanges entre eux. C’est moins flagrant aujourd’hui, mais l’association a contribué à une vraie montée en compétences, en particulier pour les structures qui avaient encore un peu de chemin à faire sur le plan organisationnel. Ensuite, la diversification des prestations et des sources de financement. À la fin des années 90, les mesures d’insertion dépendaient essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, de l’assurance chômage. Ensuite, avec l’AI et l’action sociale, les membres ont pu s’ouvrir à d’autres mandants et donc d’autres publics et financements pour faire face à de nouveaux enjeux. Insertion Vaud a vraiment soutenu cette diversification, qui a été cruciale pour leur pérennité. Et enfin, l’idée de complémentarité entre les membres. On a toujours insisté sur le fait qu’on devait éviter de se concurrencer, mais plutôt se compléter – que ce soit dans les types de prestations ou sur le plan géographique.

Y a-t-il des moments forts que tu gardes en mémoire ?

Oui, certains moments ont été… épiques ! Je pense notamment aux négociations avec le Service de l’emploi de l’époque. Ce n’était pas toujours simple : on devait défendre nos prestations avec fermeté. Il nous est même arrivé de bloquer une convention, en refusant de la signer en l’état. Ce sont des souvenirs marquants, où l’enjeu collectif était très fort. Je me souviens également de notre mobilisation pour introduire le domaine de l’insertion socioprofessionnelle parmi les exceptions de la Loi sur les marchés publics. Il y avait un enjeu et notre action fut déterminante pour convaincre le parlement fédéral.

Que retiens-tu de ces 23 années de présidence ?

J’ai vraiment aimé ces années. J’aime entreprendre pour le collectif et contribuer ainsi à rendre possible des choses auxquelles on croit. Aujourd’hui, mon engagement et ma motivation demeurent, mais je pense que démocratiquement, et en cohérence avec mes valeurs, il était temps de passer la main. J’avais annoncé il y a trois ans que j’entamais mon ultime mandat de président. Cela donnera un nouveau souffle à l’association. Désormais, Insertion Vaud est reconnue par les autorités en charge de politiques d’insertion et par les partenaires sociaux, économiques et académiques. Les liens avec les autorités se sont tissés et consolidés au fil des années. Au sein du comité, les échanges ont toujours été fluides, guidés par un esprit collégial, et ce malgré les nombreux changements. Pour illustrer cela, en 23 ans, nous n’avons jamais eu besoin de voter. Dans un monde où l’individualisme se renforce et se polarise, je trouve essentiel de pouvoir continuer de construire un projet commun en tenant compte des particularités de chacun. C’est le fondement du vivre ensemble.

Quels conseils donnerais-tu à la personne qui te succédera ?

Dans une association comme la nôtre, la présidente ou le président devrait avoir deux préoccupations majeures : fédérer les membres et les représenter. Seul l’intérêt général doit compter. Et considérant que nous comptons plus de 75 organisations membres et que nous ne nous connaissons pas tous bien, il faut trouver des moyens pour que le comité et le secrétariat général restent à l’écoute des attentes et des besoins des membres. Il y aura des enjeux : Confédération et Canton sont à la recherche d’économies, il s’agira d’être un bon négociateur - je crois avoir été meilleur diplomate que négociateur - pour défendre les intérêts des prestations d’insertion, car elles participent à ce que chacun·e trouve sa place dans la société et s’y épanouisse.

Le mot de la fin ?

Je suis profondément reconnaissant pour la confiance qui m’a été accordée toutes ces années par les membres, mais aussi par les différents mandants avec lesquels nous avons été amenés à collaborer. Je remercie tous les collègues qui se sont succédés au sein du comité au fil des mandats et je remercie en particulier Delia Guggenbühl qui dirige le secrétariat général avec compétence et engagement. Je ne claque pas la porte, je laisse juste la place, et Insertion Vaud pourra toujours compter sur mon fidèle soutien.

Autres actualités