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Le retour à l’emploi des seniors est surtout difficile après 58 ans

Dans le cadre de son mémoire de master réalisé à l’IDHEAP, Adile Gachoud a interrogé une quinzaine d’employeurs dans les cantons de Vaud et de Fribourg pour investiguer quelles sont les principales difficultés que rencontrent les personnes de plus de 50 ans en recherche d’emploi. Elle montre que les seniors au chômage peuvent convaincre, à certaines conditions, les entreprises de les engager. Mais ces dernières se montrent inflexibles quand les candidats leur paraissent trop proches de l’âge de la retraite.

L’excellente note de 5.75 sur 6 a été attribuée à Adile Gachoud à l’issue de la soutenance de son travail de master en décembre 2018 à l’IDHEAP, intitulé « Le chômage des seniors : analyse de signaux pour une amélioration de leur réinsertion professionnelle ».

L’étudiante y recense les neuf visions négatives les plus courantes, déjà apparues dans d’autres recherches, qu’ont les recruteurs face aux demandeurs d’emploi âgés de plus de 50 ans :

  1. Formation obsolète, manque de formation ou faible capacité d’apprentissage
  2. Manque de forme physique ou problèmes de santé
  3. Charges sociales élevées
  4. Attentes salariales élevées
  5. Plus faible résistance au stress
  6. Manque d’affinités pour la technologie
  7. Manque de motivation
  8. Moindre performance et productivité au travail
  9. Résistance au changement, faible capacité d’adaptation ou manque de flexibilité

Dans ses entretiens avec quinze employeurs vaudois et fribourgeois dans des entreprises de tailles diverses, l’étudiante a observé que la plupart de ces préjugés ont été évoqués par ses interlocuteurs. Mais en leur présentant des dossiers fictifs où certaines informations venaient contredire les clichés, elle a constaté que les employeurs n’avaient au cas par cas aucune peine à dépasser leurs idées préconçues.

Par exemple, une personne qui indique avoir suivi des formations continues gardera toutes ses chances sur le marché de l’emploi. Idem pour celle qui arrive à montrer sa flexibilité et sa polyvalence par des exemples concrets de réalisations. Ainsi la plupart des stéréotypes concernant les compétences techniques, l’adaptabilité et la productivité peuvent être levés.

Intéressant aussi, les charges sociales plus importantes et les salaires plus conséqents ne semblent pas être un frein insurmontable pour les entreprises qui souhaitent engager une personne senior. Certains employeurs déconseillent même aux postulants d’indiquer qu’ils sont prêts à réduire leurs prétentions, car cela résonne aux yeux des services de ressources humaines comme un aveu de faiblesse.

Quant aux aides possibles de l’Etat, offertes dans certains cas pour l’engagement de personnes au chômage, elles paraissent peu incitatives : c’est avant tout le profil, l’expérience et les compétences qui comptent pour les recruteurs.

Cependant, certains dossiers de postulation paraissent destinés à être systématiquement écartés par les employeurs : ceux des candidats âgés de plus de 58 ans. Face à de tels cas de figure, les employeurs interrogés ont clairement et unanimement déclaré que l’âge était trop avancé pour une intégration à long terme dans leurs équipes. Le coût de l’investissement dans la formation leur semble trop élevé par rapport au temps restant avant la retraite. L’étudiante suggère donc de focaliser les recherches d’emploi de ces personnes vers des missions à durée déterminée.

Au terme de son mémoire, Adile Gachoud émet plusieurs recommandations en termes de politiques publiques, aux employeurs et aux demandeurs d’emploi seniors. La formation continue tout au long de la carrière y apparaît comme un outil incontournable pour lutter contre la désinsertion professionnelle après le cap des 50 ans.

>> Gachoud, Adile (2018). Le chômage des seniors : analyse de signaux pour une amélioration de leur réinsertion professionnelle. Sous la direction de Giuliano Bonoli. Université de Lausanne.

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