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Reportage

Les formations en hôtellerie déroulent le tapis rouge pour des jeunes en insertion

Une quarantaine de jeunes suivis par des organismes prestataires membres d’Insertion Vaud ont participé le 1er février 2019 à une matinée de présentation riche en témoignages sur les filières d’apprentissage dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration. Quatre établissements prestigieux de Lausanne ont ensuite accueilli les participants pour une visite de leurs infrastructures. Enthousiasme et hospitalité étaient au menu.

La passion : un ingrédient indispensable pour travailler dans le domaine de l’hôtellerie, à entendre Kevin Lakhdar, apprenti cuisinier au Montreux Palace, et Yagmur Sen, apprentie spécialiste en hôtellerie à l’Hôtel Carlton de Lausanne. Ces deux jeunes de 17 et 20 ans sont venus raconter leur quotidien avec une bonne dose de conviction à d’autres jeunes en recherche de formation qui suivent actuellement des mesures d’insertion auprès de différents organismes tels que Mode d’emploi, OSEO Vaud, la Fondation CherpillodSemoNord ou Le Repuis.

La rencontre était organisée par l’association Insertion Vaud au Centre Pluriculturel et social d’Ouchy (CPO) le vendredi 1er février, en collaboration avec le département Partenariats de la Fondation Mode d’emploi et le responsable de projet marketing & vente formation de la faîtière hotelleriesuisse, Nicolas Devaud.

Ce dernier a présenté les six filières d’apprentissage possibles dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration, dont quatre sont accessibles à des apprentis préférant commencer en voie AFP (attestation de formation professionnelle), moins exigeante que le niveau CFC (certificat fédéral de capacité).

Conditions intéressantes

Environ 4500 entreprises formatrices existent pour ces métiers sur le territoire suisse, offrant des conditions intéressantes pendant le temps de l’apprentissage et de belles opportunités d’évolution à leurs diplômés.

Car si les salaires de la branche ne sont pas des plus attractifs, d’autres avantages viennent contrebalancer cet aspect, à commencer par le barème des rémunérations pour les apprentis : 1'050 francs en première année, 1’300 la deuxième et 1'550 la troisième. « Les heures supplémentaires et les jours fériés travaillés sont récompensés, et il y a aussi les pourboires », a également indiqué l’apprentie du Carlton.

Quant aux horaires irréguliers, « ils ne comptent pas quand on aime ce qu’on fait, et on n’a jamais fini d’apprendre », estime le jeune cuisinier du Montreux Palace, dont la vocation est née très tôt, inspirée par l’odeur des épices que lui a fait découvrir son père. A douze ans, Kevin Lakhdar se voyait déjà chef dans le 5 étoiles le plus célèbre de la Riviera, comme le prouve une vidéo réalisée à l’époque…

Trouver sa voie

Yagmur Sen de son côté avoue avoir mis du temps à trouver sa voie : après avoir fait des stages d’aide vétérinaire, de peinture, de coiffure et de vente, elle a passé trois jours dans l’hôtel qui l’emploie actuellement, où le déclic s’est produit. Le métier de spécialiste en hôtellerie est varié, ce qu’elle apprécie, et touche à tous les aspects de l’accueil - de la réception à l’entretien des chambres, où le moindre détail compte. « Face aux clients qui se plaignent, il faut apprendre à porter un masque. Mais la plupart sont très gentils », a expliqué la jeune femme.

La matinée de découverte s’est poursuivie avec la visite de quatre grands établissements de la place : le Royal Savoy*****, le Lausanne Palace *****, l’Hôtel Continental**** et l’Hôtel de la Paix****, où l’accueil a été à la hauteur de leur réputation : impeccable. Chaque groupe a été reçu par des responsables attentionnés et prompts à répondre à la moindre question.

Ascension professionnelle

« Notre guide était très intéressant : il a manié l’humour, savait captiver son auditoire, et a donné des exemples concrets, dans un langage adapté aux jeunes », raconte une formatrice ayant visité le Continental en compagnie du directeur sortant, Yannis Gerassimidis, qui vient de prendre sa retraite après trente-six ans passés dans cet établissement. « Les jeunes ont bien pu s’identifier à son parcours professionnel car il a commencé en bas de l’échelle », souligne un accompagnateur.

Dans les autres hôtels, même plaisir à accueillir les jeunes, leur ouvrir la porte des coulisses et des suites de luxe : « Ils avaient des étoiles dans les yeux », se réjouit Virgile Briffaz au service des ressources humaines du Lausanne Palace.

Version confirmée par le responsable d’une des mesures d’insertion présent lors de la visite : « Ça a été un véritable enchantement pour nos participants ! » Un autre encadrant ajoute, concernant ses pupilles : « Ils étaient enthousiastes, à tel point qu'ils ont déposés un dossier de candidature pour faire leur CFC au Lausanne Palace. Vraiment, ils étaient ravis de cette matinée. »

Commencer par un stage

« J’ai trouvé ces jeunes attentifs et polis, ils ont posé de bonnes questions et l’un des participants m’a envoyé une demande de stage quelques jours après », relate pour sa part Stefano Brunetti, directeur de l’Hôtel de la Paix, qui accueille très régulièrement des stagiaires pour une ou deux semaines.

Enfin le Royal Savoy, entièrement rénové depuis peu, s’est montré tout aussi accessible : « Ce n’est pas parce que nous sommes un 5 étoiles que l’accès est réservé uniquement à des privilégiés. Ici le café coûte le même prix qu’ailleurs », a assuré Paul Melois, responsable RH, à ses hôtes d’un matin.

Sa collègue, Camille Tavian-Riddone, a raconté aux jeunes les différentes activités organisées par l’hôtel pour cultiver l’esprit d’équipe, expliquant que les femmes de chambre sont logées à la même enseigne que les chefs de rang. « Nous sommes une grande famille », a-t-elle affirmé plusieurs fois.

Si cela ne suffisait pas à convaincre ses visiteurs, elle leur a raconté l’ascension d’un jeune migrant ayant commencé comme plongeur et devenu commis de cuisine, puis serveur au fil des ans.

Et comme rien ne parle mieux à des adolescents que le langage de l’estomac, elle les a fait passer devant le buffet réservé aux employés, où il est possible de se servir jusqu’à deux fois par jour pour la modique somme de 7 francs, même après le service.

L’après-midi même, un stage avec un jeune était conclu au Royal Savoy. Bienvenue dans la vie active et l’univers feutré de ces havres de confort !

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