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Reportage

ProLog-emploi passe son 10e anniversaire au chevet des plus vulnérables

La mesure d’insertion créée en 2010 pour accompagner vers l’emploi des personnes au bénéfice de l’aide sociale s’est retrouvée plus utile que jamais pour répondre au besoin croissant de personnel dans les établissements hospitaliers, médico-sociaux et socio-éducatifs. Les participant-e-s, loin d’être renvoyés chez eux comme presque partout ailleurs pour éviter la propagation du coronavirus, sont à pied d’œuvre, «courageux et solidaires», témoigne la responsable de la mesure, qui souligne les gros enjeux d’adaptation sur les lieux de travail en cette période de crise.

2020 aurait dû être l’occasion d’une fête pour marquer les dix ans de ProLog-emploi, association active uniquement dans le domaine socio-sanitaire, fondée par la coopérative Démarche, l’OSEO-Vaud et la fondation Mode d’emploi. C’était sans compter la pandémie de Covid-19 qui a mis une partie de la population, de l’économie et des mesures d’insertion à l’arrêt depuis la mi-mars, mais a dans le même temps intensifié la pression sur les milieux de la santé. Contrairement aux programmes qui fonctionnent entièrement à distance ou qui ont actionné le mode pause parmi les organismes membres d’Insertion Vaud, ProLog-emploi est au cœur de l’action, avec une centaine de candidat-e-s sous contrat dans les EMS et hôpitaux vaudois, mobilisés auprès de résidents et patients, ou en soutien aux équipes sanitaires.

« Nous avons fait le tour de nos participants, et la plupart d’entre eux vont bien et sont contents qu’on les appelle. Personne n’a voulu stopper son contrat. Ils font leur travail, voire plus. Je suis impressionnée de voir à quel point ils sont impliqués dans leur mission, courageux et solidaires », témoigne Sandra Dupraz-Millius, responsable de l’association. L’occasion de faire leurs preuves, pour ces participant-e-s engagés en contrat à durée déterminée (CDD) dans divers métiers du domaine sanitaire ? « Absolument ! De manière générale, un grand nombre de candidats sont amenés à prêter main forte à leurs collègues dans de nouvelles tâches. Des administratifs amènent à manger, etc. Dans un grand hôpital du canton, une secrétaire a dû quitter son poste :  c’est alors notre candidate qui a repris le travail de sa référente au pied levé… », raconte la responsable.

Un public fragile

Sandra Dupraz-Millius relève que les 106 personnes actuellement en CDD de 10 mois dans le cadre de la mesure – 47 en intendance, technique ou logistique, 22 en cuisine ou cafétéria, 20 en soins comme auxiliaires de santé et 17 en administration – sont elles-mêmes pour la plupart en situation de vulnérabilité. « Beaucoup parlent mal le français et ne comprennent pas bien ce qu’il se passe. Certaines de ces personnes vivent isolées, loin de leur famille, ont peu d’amis ici ou élèvent seules leurs enfants. C’est un public fragile, avec parfois également des problématiques de santé. Heureusement la Croix-Rouge a édicté des recommandations qui ont été traduites dans plusieurs langues. Nous les avons partagées avec nos candidats. »

Certains établissements ont d’ailleurs demandé aux personnes souffrant de maladies chroniques de ne plus venir travailler par précaution. Cette situation particulière demande un travail important aux conseillères en placement afin de rester en contact avec tous les candidat-e-s pour les soutenir, les rassurer et les orienter si besoin. Les visites étant suspendues dans les établissements de soins, les conseillères s’organisent pour proposer un suivi sur le lieu de travail par téléphone ou par Skype.

« Certains candidats vivent cette période avec appréhension, mais dans l’ensemble tout se passe bien, car dans ces institutions les questions d’hygiène et de protection sont particulièrement prises au sérieux », affirme la responsable. Cela ne l’empêche pas de se dire soucieuse pour ses participant-e-s, dont certains n’ont même pas de médecin traitant. Elle salue aussi « les gestes de solidarité qui s’expriment ici et là, de la part des établissements clients qui se soucient du bien-être et de la santé de nos candidats ».

Hausse des demandes

En cette période exceptionnelle, la demande de personnel pourrait bien augmenter dans les milieux sanitaires et les cinq conseillères en placement de ProLog-emploi, toutes en télétravail, sont prêtes à répondre aux nombreuses institutions clientes pour leur proposer des candidat-e-s. « Nous avons actuellement 38 personnes admises dans la mesure qui pourraient être placées, et une dizaine d’entretiens d’admission à fixer, ce qui pourrait augmenter la capacité », détaille Sandra Dupraz-Millius.

Elle ajoute cependant que contrairement à l’ordinaire, les cours pour auxiliaires de santé sont suspendus du côté des partenaires Croix-Rouge et Héviva. Normalement, les personnes bénéficiant de la mesure ProLog-emploi qui se spécialisent comme auxiliaires de santé ont 120 heures de formation à effectuer et à valider avant la fin de leur CDD chez l’employeur. Certains candidat-e-s – tous métiers confondus – ont également des cours de français qui sont actuellement donnés à distance par la formatrice indépendante qui collabore avec l’association.

Sortir de l’aide sociale

Du côté du principal mandant de la mesure, la Direction générale de la cohésion sociale, la demande ne tarit pas non plus. « Les assistants sociaux et les coachs d'autres organismes continuent de nous envoyer des e-mails pour placer des bénéficiaires en mesure d’insertion », relate Sandra Dupraz-Millius. Signe des temps, en cette période de télétravail, mais également signe que la mesure est jugée pertinente à double titre : parce qu’elle répond aux besoins de personnel au moment où la santé est au cœur de toutes les préoccupations, et parce qu’elle permet à des personnes fragilisées de sortir de l’aide sociale, totalement ou partiellement selon la situation familiale. Un CDD signé à travers ProLog-emploi, c’est 4000 francs bruts assurés pour les bénéficiaires à plein temps, financés par le Fonds de réinsertion auquel cotisent les quelque 130 entreprises partenaires – soit la plupart des EMS et tous les hôpitaux publics importants du canton.

Un CDD via ProLog-emploi, c’est aussi, bien souvent, la perspective d’un emploi durable par la suite. En effet, les chiffres de l’an dernier indiquent un taux de placement de 61% suite aux CDD conclus dans le cadre de ProLog-emploi, et une moyenne de 56% sur l’ensemble des dix ans écoulés. En tout, 725 CDD ont été achevés depuis le début de ProLog-emploi en 2010, et 406 candidats engagés suite à leur CDD. Un très beau succès qu’il s’agira de fêter dignement une fois la crise passée. Quand les collaboratrices et les candidat-e-s de ProLog-emploi pourront souffler un peu.

>> Vers le site de ProLog-emploi

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