Catégorie : Politique d’insertion

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    Le Conseil d’Etat invite les milieux économiques à collaborer avec l’insertion

    Les alliances avec les entreprises sont garantes d’une politique d’insertion réussie. C’est le message qu’a fait passer le Conseil d’Etat vaudois le 11 novembre 2020 dans sa réponse à une interpellation de la députée PLR Josephine Byrne Garelli. Le gouvernement vaudois y retrace les nombreuses alliances nouées ces dix dernières années avec les milieux économiques, en appelant à les développer davantage.

    Dans sa réponse à l’interpellation de la députée Josephine Byrne Garelli, le Conseil d’Etat rappelle la mise en place, d’abord sous forme de projet-pilote, du programme FORMAD, inspiré du programme FORJAD et destiné aux adultes âgés de 25 à 40 ans. Le Conseil d’Etat revient également sur différents projets en cours, tels que Pro Interim, une mesure développée par l’OSEO Vaud et la Coopérative Démarche, ou encore le programme Capital Formation et Emploi d’Insertion Vaud financé par le canton, dont l’objectif est justement de créer des ponts entre les organismes d’insertion et les mlieux économiques.

    Le gouvernement vaudois relève « qu’au vu de l’important réseau d’entreprises vaudoises, de nombreuses collaborations sont encore à construire. C’est pourquoi le Conseil d’Etat invite les milieux économiques à nouer des collaborations directement avec les organismes prestataires de l’Etat qui travaillent dans le domaine de l’insertion, mais aussi à prendre contact avec les services actifs dans ce domaine, comme la Direction de l’insertion et des solidarités au sein de la Direction générale de la cohésion sociale, ainsi qu’avec le Service de l’emploi. »

    >> Voir l’actualité du Conseil d’Etat et sa réponse complète à l’interpellation

  • Nouvelles mesures pour les 50+, les jeunes et l’écologie soutenues par le canton

    Nouvelles mesures pour les 50+, les jeunes et l’écologie soutenues par le canton

    La cheffe du Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) Rebecca Ruiz a annoncé le 21 août 2020 plusieurs nouveaux projets pour aider les bénéficiaires du revenu d’insertion à se former et trouver un emploi. Grâce aux programmes déjà en place dans le canton de Vaud, le taux de personnes à l’aide sociale a diminué ces dernières années.

    Permaculture

    © Creative Commons/Øyvind Holmstad

    Lors d’une conférence de presse le vendredi 21 août, la conseillère d’Etat Rebecca Ruiz a fait le point sur les mesures d’insertion financées par son département. Elle a annoncé que le pourcentage de personnes à l’aide sociale avait passé de 4,8% en 2016 à 4,5% en 2019. Cette année, près de 7500 personnes auront bénéficié dans le canton d’une mesure d’insertion sociale (MIS) ou d’un programme d’insertion, avec un accès réussi à l’emploi ou à la formation pour la moitié d’entre elles.

    La cheffe du DSAS a en outre communiqué de nouveaux projets dans trois directions :

    • les personnes à l’aide sociale de plus de 50 ans, avec sept projets lancés depuis 2017 (dont le projet pilote InPlus d’Insertion Vaud) ;
    • les jeunes en rupture sévère, qui bénéficieront dès septembre 2020 d’un accompagnement spécifique dans l’Ouest lausannois ;
    • et de nouvelles mesures d’insertion à vocation écologique, avec onze projets qui démarreront entre fin 2020 et début 2021.

    Parmi ceux-ci, plusieurs émanent d’organismes membres de la faitière Insertion Vaud, qui ont répondu à l’appel à projets lancé par le DSAS en début d’année :

    • L’atelier l’Eveil offrira dès octobre une initiation à la permaculture le long de la rivière Le Talent.
    • Le centre de compétences Bénévolat Vaud proposera des modules de formation sur l’écologie et la participation à des missions environnementales dans des organisations partenaires.
    • La fondation Mode d’emploi lancera une formation en réseau de spécialistes en valorisation des déchets, recyclage de divers matériaux et récupération d’invendus alimentaires.
    • L’association SemoNord développera une bibliothèque d’objets à Yverdon-les-Bains.
    • Enfin d’autres projets concernent l’ouverture d’un café-épicerie en vrac sur Lausanne, la livraison de produits frais et régionaux à vélo, et d’autres idées dans l’air du temps qui seront bientôt dévoilées.

    A suivre…

    >> Voir le communiqué et le dossier de presse de l’Etat de Vaud

    >> Dépêche ATS/NXP parue notamment dans 24 Heures

    >> Article de 24 Heures

    >> Article et son de la Radio Télévision Suisse (RTS) avec interview d’Ingrid Artieda, directrice du SemoNord

    >> Article et son de LFM, avec interview de Rebecca Ruiz, conseillère d’Etat en charge du DSAS

  • Le recrutement des apprentis reprend après une parenthèse de 3 mois

    Le recrutement des apprentis reprend après une parenthèse de 3 mois

    De nombreuses places d’apprentissage sont à pourvoir dans le canton de Vaud. Afin de stimuler l’embauche des jeunes en formation professionnelle, le Canton de Vaud et la Confédération ont débloqué des aides inédites. Cela répond aux inquiétudes des milieux économiques concernant les besoins de relève. La faîtière Insertion Vaud promeut des solutions pour aider les jeunes en difficulté à se former. Un sondage a montré qu’une de ses récentes actions sur la thématique de l’apprentissage avait eu un très bon impact.

    Charpentier

    Le canton de Vaud a été une des régions les plus touchées de Suisse par la pandémie de coronavirus, qui a mis l’économie en berne pendant près de trois mois à partir de mi-mars 2020. Cela a eu des conséquences importantes sur les recrutements d’apprentis, car de nombreux contrats se finalisent généralement au printemps, souvent à la suite de stages d’observation. Or la plupart de ces stages n’ont pas pu être organisés en raison du confinement.

    D’après le monitorage mis en place par la Confédération, la région lémanique est ainsi très en retard sur le reste du pays concernant les engagements d’apprentis à la fin mai. A mi-juin, il restait encore plus de 1350 places d’apprentissage ouvertes dans le canton de Vaud, selon le site www.orientation.ch. Cela montre que les employeurs n’ont pas renoncé à former des apprentis, mais qu’ils ont été freinés par la situation sanitaire. De très nombreuses offres de places ont ainsi été publiées tardivement.

    Un soutien unanime pour la formation

    Pour encourager les entreprises à embaucher des jeunes en formation, les autorités fédérales et cantonales ont lancé plusieurs actions. Le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) a lancé un appel à projets le 15 mai pour soutenir des actions de promotion de l’apprentissage par les organisations nationales du monde du travail et les cantons.

    Le gouvernement vaudois, quant à lui, a annoncé lors d’une conférence de presse le 25 mai qu’il subventionnerait la moitié du salaire annuel des apprentis qui débuteront leur cursus en août prochain. En outre, l’équivalent de la moitié du salaire annuel de tous les apprentis de 2e et 3e années qui auront subi un licenciement économique sera pris en charge pour leur permettre de retrouver plus facilement une nouvelle place pour 2020-2021.

    Plusieurs associations économiques faîtières se sont également émues du risque de blocage sur le front de la formation professionnelle. L’Union suisse des arts et métiers, l’Union patronale suisse, la Fédération patronale vaudoise, la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie, ou encore des associations de branche comme Swissmem et d’autres ont appelé les entreprises à embaucher des jeunes et les pouvoirs publics à les soutenir dans ce sens.

    Inquiétude pour les plus fragiles

    L’association Insertion Vaud est particulièrement préoccupée par la situation des jeunes en mesure de transition, dont les parcours n’ont pas été linéaires depuis leur sortie de l’école obligatoire. Pour eux, le semi-confinement a rajouté une épreuve de plus, puisque la plupart des mesures d’insertion auxquelles ils étaient inscrits n’ont pas pu travailler de manière optimale pendant plusieurs semaines.

    Une solution, pour les entreprises qui hésitent à engager un-e apprenti-e mais qui voudraient aider un-e jeune, est de s’intéresser aux réseaux d’entreprises formatrices (REF) mis en place par plusieurs organismes membres d’Insertion Vaud. Un chargé de projet coordonne le développement de ces places d’apprentissage qui permettent aux employeurs d’être soutenus dans tout le processus de formation sans devoir assumer l’intégralité du plan de plan de formation, ni l’ensemble des contraintes administratives.

    Actuellement six membres d’Insertion Vaud offrent de telles possibilités dans plusieurs métiers et différentes régions du canton. Un flyer récemment diffusé par notre association recense les avantages de ce système pour les entreprises partenaires. Ce document redirige les employeurs intéressés vers notre collègue Boris Maradan pour toute question et mise en lien avec les différents services et organismes concernés.

    Un sondage pour faire le point

    Par ailleurs, Insertion Vaud a conduit récemment un sondage auprès des participants et d’une partie des invités à la conférence-débat organisée le 13 janvier 2020 sur le thème de la formation professionnelle, dont l’objectif était de promouvoir deux tremplins vers le CFC et l’emploi que sont l’attestation de formation professionnelle (AFP) et la prolongation d’apprentissage pour l’intégration (PAI).

    Les résultats de cette enquête montrent que les messages ont bien passé auprès du public interrogé, composé pour un quart de représentants d’entreprises et de milieux économiques, avec également bon nombre d’employeurs issus d’autres cercles (administration publique, institutions parapubliques, etc.).

    Alors qu’en 2019, seule la moitié des sondés avait une bonne image de l’AFP, maintenant près des trois quarts déclarent en avoir une vision positive. Concernant la PAI, on constate que 21 personnes sur 137 répondants ne connaissaient pas cette possibilité avant 2020, et que le nombre de personnes qui en pensent du bien aujourd’hui est passé de 53 à 93, soit près du double. Sans qu’il soit possible d’attribuer ce progrès à la seule conférence, il est probable que celle-ci ait cependant tout de même eu un impact favorable sur l’opinion du public.

    Tous les résultats du sondage sont disponibles dans une présentation qui amène de nombreuses autres réponses utiles à notre association et aux milieux concernés pour la promotion future de l’insertion par la formation professionnelle.

    Comment aider les jeunes en recherche de solution ?

    Malgré beaucoup de signaux positifs, du chemin reste à faire pour offrir davantage de débouchés aux jeunes en recherche de solution. Ainsi, seulement 3,5% des places d’apprentissage à pourvoir dans le canton de Vaud concernaient à la mi-juin des métiers accessibles via une AFP, et cela dans moins de 20 professions alors qu’une soixantaine existent en Suisse pour cet apprentissage en deux ans.

    En outre, au moment de rédiger cette actualité, plus de la moitié des places en PAI étaient encore ouvertes, selon la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP). Ce programme devrait permettre au total à 100 jeunes allophones de démarrer leur formation professionnelle à la rentrée prochaine, dans n’importe quel métier, en bénéficiant d’une année supplémentaire pour parfaire leurs compétences de base en français et maths.

    Que ce soit par une AFP déstigmatisée, par une PAI mieux connue ou par un réseau d’entreprises formatrices porté par un organisme d’insertion, les employeurs ont le choix s’ils veulent aider un-e jeune sans solution à s’insérer sur le marché du travail. Non seulement ces employeurs affirmeront ainsi leur responsabilité sociale, mais de plus ils trouveront des partenaires fiables pour les accompagner dans cette mission. Contactez-nous !

  • Deux brochures de référence pour l’intégration des étrangers

    Deux brochures de référence pour l’intégration des étrangers

    Le Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme (BCI) publie deux ouvrages utiles pour les acteurs de l’insertion socioprofessionnelle: un guide de l’emploi, ainsi que le premier numéro d’une nouvelle série de publications intitulée (dé)construire, qui porte pour cette édition sur le système de l’asile en Suisse et dans le canton de Vaud.

    Intégration

    Le Guide de l’emploi fournit une vue d’ensemble sur le monde du travail. Destiné aux acteurs du terrain, il a pour objectif de permettre aux professionnels qui accompagnent les migrants en recherche d’emploi ou de formation de mieux les orienter et les conseiller en termes d’accès, de droits et d’assurances sociales. Ce manuel est également un outil pratique contenant les coordonnées des organismes, institutions et services compétents pour ces questions. Le mandat de cette rédaction a été confié à Rachel Gotheil pendant qu’elle était conseillère en insertion chez Insertion Vaud.

    La nouvelle série (dé)construire entend quant à elle prendre le temps d’explorer, de découvrir et d’approfondir des aspects particuliers chers au BCI. Son premier numéro, (dé)construire l’asile, offre un large aperçu du fonctionnement du système de l’asile en Suisse et dans le canton de Vaud. Richement illustré et documenté, cet opus est parsemé de témoignages de divers acteurs-clés. Une référence à conserver également pour qui veut mieux comprendre ces enjeux.

  • Les leçons d’un suivi innovant, précoce et individualisé pour l’insertion des migrants

    Les leçons d’un suivi innovant, précoce et individualisé pour l’insertion des migrants

    Le projet InVaud a pris fin en février 2020. Visant à accompagner de manière renforcée dès leur arrivée dans le canton des jeunes requérants d’asile sur le mode du « case management », ce projet pilote a prouvé la pertinence de son modèle, largement repris pour la mise en place du nouvel Agenda Intégration.

    InVaud_chaudron

    « Une motivation de dingue, un travail acharné et zéro abandon » : lors de la cérémonie de clôture du projet InVaud le 6 février 2020 à Lausanne, ce sont les mots qu’a utilisés Marie Saulnier Bloch, coordinatrice du programme pour la partie confiée à Insertion Vaud, afin de décrire les participants de ce projet pilote mandaté par le Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme (BCI).

    De fin 2016 à fin 2019, 40 jeunes requérants d’asile fraîchement arrivés en Suisse ont été suivis par deux conseillères en insertion côté Insertion Vaud et 40 autres attribués à l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM). L’objectif était de voir si un renforcement des moyens en vue d’un dispositif novateur, rapide et personnalisé dès le début du séjour pourrait faire la différence dans l’insertion socioprofessionnelle de ces personnes, comparé aux prestations habituellement réservées aux primo-arrivants dans le système vaudois de l’asile.

    Accompagnement multidimensionnel

    Un forfait d’environ 1000.- francs par mois sur deux ans était prévu par participant afin de financer des mesures d’insertion adaptées à chaque profil – formation, orientation, coaching, placement, etc. Tous ont bénéficié d’un accompagnement multidimensionnel face aux nombreux défis que pose l’intégration en termes social, sanitaire, juridique, professionnel et personnel. En plus du suivi des deux collaboratrices, une vingtaine d’organismes membres de la faîtière Insertion Vaud ont notamment pu être mandatés pour délivrer ou développer avec grand succès de nouvelles prestations plus intégratives.

    Evoquant les résultats concrets du projet, Marie Saulnier Bloch a mentionné que 100% des participants du dispositif d’Insertion Vaud ont amélioré leur communication en français et 85% ont trouvé une issue favorable à leur projet d’insertion – formation, emploi ou projet en voie de réalisation -, cela dans une multitude de professions allant de couturier à informaticien. « Il s’agit de 34 personnes sur 40, considérant que 6 jeunes mères de famille – avec 1 à 3 enfants en bas âge – n’ont pas encore eu de projet d’insertion professionnelle. »

    Le modèle du case management s’est révélé particulièrement efficace pour répondre aux besoins de ces jeunes de 18 à 25 ans provenant d’Erythrée, de Syrie, d’Afghanistan et de Somalie. A la manière d’un guichet unique, le suivi transversal des deux collaboratrices d’Insertion Vaud a permis de dépasser la logique « en silos » propre à l’assistance ordinaire des requérants d’asile, et d’éviter ainsi l’effet « tourniquet » qui renvoie les personnes d’un référent à l’autre tout au long de leur procédure.

    Miser sur le potentiel et le travail en réseau

    Dans son rapport final, Marie Saulnier Bloch explique avoir conçu un système basé sur les potentiels de chaque participant plutôt que sur leurs déficits, et sur la confiance plutôt que sur l’assignation, le contrôle et les sanctions. Elle souligne la complémentarité du travail en réseau et les avantages de l’immersion en situation réelle pour apprendre le français, notamment grâce aux nombreux stages professionnels, aux activités sportives et culturelles, ainsi qu’au parrainage de nombreux bénévoles.

    Le projet InVaud a été suivi de près par différentes équipes de chercheurs des universités de Lausanne et de Neuchâtel, donnant lieu à plusieurs rapports, articles scientifiques et mémoires de master. Toutes ces études soulignent l’apport décisif du projet pour les participants, tant en ce qui concerne le développement de leur carrière que l’élargissement de leur réseau social. L’intérêt du case management, relève par exemple l’équipe du Professeur Jérôme Rossier à Lausanne, est notamment de lever les barrières culturelles, émotionnelles et matérielles, et de renforcer les ressources sociales, personnelles et institutionnelles propres à chaque cas.

    Soutien émotionnel et instrumental

    En effet, relèvent les observateurs et acteurs du projet, les jeunes migrants doivent faire face à une pluralité de difficultés, voire de traumas, liées à leur parcours migratoire, leur statut administratif, leur phase de vie et leur isolement, qui les exposent à de forts risques d’exclusion et même d’exploitation. En ce sens, InVaud a apporté un réel soutien émotionnel et instrumental dans ce parcours ardu d’intégration, ont confirmé les participants interrogés dans les différentes recherches.

    Cette approche perdurera dans le cadre du volet vaudois de l’Agenda Intégration, qui porte dès cette année de 6000 à 18’000 francs le forfait octroyé par la Confédération pour chaque personne recevant le statut de réfugié ou une admission provisoire. « Ce modèle prône, entre autres, un suivi précoce, intensif et tout au long du parcours d’insertion. (…) Nous avons donc pu tirer des enseignements d’InVaud », a déclaré Julien Bourgnon, chargé de projet au BCI, lors de la soirée de clôture organisée par Insertion Vaud en présence de nombreux participants et partenaires du projet – organisateurs de mesures, autorités publiques, employeurs, bénévoles, chercheurs, etc.

    A cette occasion, le président d’Insertion Vaud Stéphane Manco a rappelé que les 40 jeunes félicités ce soir-là représentaient seulement 1% des effectifs de requérants d’asile arrivés dans le canton en 2017 et 2018, et seulement 0,002% de l’ensemble des personnes migrantes ayant réussi à entrer en Europe au cours de ces deux années. « InVaud n’a représenté que quelques gouttes d’eau, mais chaque goutte compte, rapportée à 40 destins humains. » Au nom du comité d’Insertion Vaud, il a souhaité à ces 40 jeunes hommes et femmes « de réaliser leurs rêves et de trouver leur place dans ce pays ».

    Quant aux deux collaboratrices du projet pilote, Marie Saulnier Bloch et Rachel Gotheil, elles quittent Insertion Vaud mais resteront actives dans le domaine de la migration, une comme syndicaliste et l’autre en tant que coach dans un organisme d’insertion. Bonne route à elles aussi !

    >> Quelques citations des jeunes en cours et fin de projet

    >> Rapport CePCO : Jérôme Rossier et al. (UNIL)

    >> Mémoire de Master : Carolina Toletti (UniNe)

    >> Rapport EFLE : Anne-Christel Zeiter (UNIL)

  • Cesla Amarelle détricote quelques aprioris sur la formation professionnelle

    Cesla Amarelle détricote quelques aprioris sur la formation professionnelle

    Lors d’une conférence-débat organisée le 13 janvier 2020 à Lausanne par Insertion Vaud, la cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture a annoncé une mesure importante « pour supprimer un verrou qui n’avait plus lieu d’être » concernant l’accès à l’apprentissage en deux ans (AFP). Elle a également informé que le canton allait augmenter le nombre de places en préapprentissage pour l’intégration (PAI). Devant une salle comble, les témoignages de quatre apprenti-e-s et de leurs employeurs ont fait vibrer l’auditoire.

    Conférence formation professionnelle janvier 2020

    ©Insertion Vaud

    « Le Canton de Vaud accuse un très sérieux retard : c’est tout simplement le canton avec le plus faible taux d’AFP de Suisse, parce que pendant longtemps – et je vous le dis en toute transparence – on a considéré cette formation comme peu attrayante, une voie de garage sans grands débouchés. Mais heureusement les temps changent. » Cesla Amarelle, conseillère d’Etat en charge du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC), n’a pas utilisé de langue de bois lors de la conférence-débat du lundi 13 janvier 2020 destinée à valoriser d’une part l’attestation de formation professionnelle (AFP) et d’autre part la prolongation d’apprentissage pour l’intégration (PAI), dont le nombre de places passera de 90 à 100 à la rentrée prochaine.

    « Ces deux voies de formation sont bien connues des milieux de l’insertion comme répondant à un besoin pour des jeunes en difficulté, mais elles méritent d’être mieux connues des milieux économiques, puisqu’elles sont un moyen de recruter de futurs apprentis en voie CFC. L’expérience montre en effet qu’une fois le pied à l’étrier, une bonne partie de ces jeunes poursuivent ensuite leur qualification », avait pour sa part déclaré en introduction le président d’Insertion Vaud, Stéphane Manco, qui a remercié trois grandes associations patronales – la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), la Fédération patronale vaudoise (FPV) et la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE) – d’avoir soutenu l’événement, ainsi que la Direction de l’insertion et des solidarité (DIRIS – DGCS) de l’avoir financé et la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP) d’y avoir collaboré avec beaucoup d’enthousiasme.

    La fin d’une stigmatisation  

    Devant près de 400 personnes présentes, avec une forte présence d’employeurs, la cheffe du DFJC a annoncé que son département renoncerait dorénavant à exiger un entretien avec un-e psychologue pour les jeunes qui souhaitent se lancer dans une AFP. « Vous imaginez bien la stigmatisation que pouvait représenter une telle étape, même si j’aime beaucoup les psychologues évidemment, mais il n’en demeure pas moins que cette manière de présenter les choses était très stigmatisante », a expliqué Mme Amarelle.

    « Le temps où l’AFP n’était accessible que pour ceux qui étaient incapables de faire autre chose est révolu. Au contraire, elle s’adresse à celles et ceux qui sont capables de se mettre en projet, de gravir une première marche, avant peut-être de s’attaquer aux suivantes. C’est savoir se mettre dans une dynamique de réussite si capitale », a poursuivi la conseillère d’Etat.

    Les témoignages qui ont suivi ont amplement confirmé son propos. Il y avait Stephan Bergmann, charpentier-menuisier à Suchy, et son apprenti Brhane Michael, 19 ans, en 1e année de CFC après une PAI, et Frédéric Suard, patron de l’entreprise de paysagisme Jardi-net, avec son apprenti Gebrehiwet Hagos Kahsay, 21 ans, en 2e année d’AFP et qui prévoit déjà de poursuivre en voie CFC.

    Intervenants

    Séquence émotion

    « En tant que petite entreprise, on n’a aucune influence sur la politique migratoire. Mais pour Brhane, ça change tout d’avoir une bonne formation. Donc j’ai envie de dire – et ça ne fait peut-être pas très entrepreneur du 21e siècle – mais j’ai envie de dire que parfois il faut écouter son cœur », a déclaré Stephan Bergmann, récoltant une salve d’applaudissements.

    Frédéric Suard a lui aussi fortement ému le public en mentionnant que « ces jeunes, que ce soit des Erythréens, des Afghans, des Syriens – il y en a beaucoup chez nous en ce moment -, ils ont fait un long voyage, ça allait mal chez eux, et je crois que c’est à nous de leur donner une chance, et je dirais même que c’est une grande chance pour la Suisse de les avoir. »

    Les deux patrons ont souligné les nombreuses qualités de leur apprenti respectif, tous les deux de jeunes Erythréens arrivés en Suisse en tant que mineur non accompagné (MNA) : motivés, travailleurs, serviables, respectueux. Brhane et Gebrehiwet, dans un très bon français, ont raconté leur cheminement pour obtenir cette place d’apprentissage et leur goût pour le métier choisi.

    « J’ai fait huit stages avant de trouver ma place. En Suisse ce n’est pas facile de trouver du travail ou une place d’apprentissage, mais il faut s’accrocher, il ne faut rien lâcher », a confié Brhane. Quant à Gebrehiwet, son conseil aux jeunes qui cherchent à se former est « de ne pas se décourager, parce qu’il y a des moments difficiles et stressants. Surtout, il faut qu’ils choisissent un métier qui leur plaît. C’est important de choisir un métier qu’on aime. Sinon ils risquent d’abandonner et ce serait dommage. »

    Fin d'intervention

    La Poste, employeur modèle

    Après la présentation d’une recherche sur l’AFP, menée à l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle (IFFP) par la Dre Barbara Duc et ses collègues (voir en annexe),  une seconde partie de témoignages a suivi et également déclenché une forte sympathie dans l’auditoire. Deux jeunes femmes formées par La Poste et deux responsables de l’entreprise se sont exprimés.

    Rachel Montendon et Laetitia Vassaux, toutes deux âgées de 26 ans, ont eu des parcours de vie semés de nombreuses embuches familiales, professionnelles et de santé avant de postuler comme apprenties logisticiennes en voie AFP. La première a obtenu son CFC en juin dernier et travaille maintenant dans une entreprise privée. La seconde est actuellement en 2e année de CFC et a même de meilleures notes qu’au début de sa formation AFP. « La Poste est un des seuls employeurs qui m’a répondu. Je n’y croyais pas du tout après tous ces échecs », a-t-elle avoué. « On peut être très bon au travail mais avoir plus de difficultés au niveau scolaire. Mais pour ça le jeune peut être suivi et ensuite très bien y arriver », a également commenté Rachel.

    Joëlle Carafa-Magnenat, responsable régionale de formation professionnelle initiale, a expliqué comment La Poste recrute ses apprentis en misant avant tout sur les compétences pratiques et sociales. « Les bulletins scolaires n’ont aucune importance en filière AFP, parce que ce sont des jeunes qui ont eu un parcours un peu chaotique, mais après ils se révèlent, et ils peuvent avoir des notes fabuleuses ensuite en filière CFC. »

    René Würsch, responsable formation au centre courrier, a évoqué d’autres exemples de réussite et souligné l’apport de la mesure AccEnt (Accompagnement en Entreprise), qui présente selon lui un véritable plus: « L’avantage, pour l’employeur, c’est d’avoir un répondant qui s’occupe de tout : impôts, factures, caisse maladie… Car suivant si les parents ne sont pas derrière, c’est compliqué. Le point vraiment positif, c’est qu’au niveau du parcours scolaire, s’il y a des soucis, le répondant est là et c’est lui qui peut mettre en place des appuis. »

    Cette mesure du Centre vaudois d’aide à la jeunesse (CVAJ), accessible notamment aux jeunes à l’aide sociale suivis par le programme Forjad, aux migrants soutenus par l’EVAM ou le CSIR et à certains apprentis envoyés par l’Office de l’assurance-invalidité, a ensuite été présentée par la directrice d’AccEnt, Donatella Morigi-Pahud (voir annexe), avant la partie réservée aux questions, qui a permis d’éclaircir certains détails sur les deux voies de formation – AFP et PAI – et de mentionner d’autres aides possibles pour les jeunes en besoin de soutien, telles que CoachApp et AppApp du Groupement pour l’apprentissage.

    Feu vert des associations patronales

    Baptiste Müller, de la FPV, a souligné que pour les entreprises, « c’est tout bénéfice de garder un apprenti en CFC après une AFP ». Et Pascal Foschia, de la FVE, a salué les efforts du canton pour valoriser la formation professionnelle. « Il reste encore à convaincre quelques employeurs qui ont peut-être encore ce retard en termes de perception de l’AFP », a-t-il dit, mais il s’est voulu optimiste : « Les entreprises attendent plutôt des jeunes qu’ils soient engagés, motivés, passionnés, comme les jeunes qu’on nous a présentés tout à l’heure », a-t-il conclu.

    A l’heure de l’apéro, plusieurs participants ont remarqué qu’un grand pas avait été fait pour lever d’une part la stigmatisation attachée à l’AFP dans le canton de Vaud et d’autre part inspirer des patrons à engager un-e futur-e apprenti-e en PAI. Reste aux milieux économiques à créer des places de formation pour ces jeunes, afin de leur offrir un véritable tremplin vers une insertion durable sur le marché du travail.

    Annexes :

    >> Présentation IFFP par Barbara Duc

    >> Pésentation AccEnt par Donatella Morigi-Pahud

    A lire également :

    >> Article dans l’Agefi: « Pénurie de main d’oeuvre? Formez des jeunes en AFP! » (07/11/2019)

    >> Article dans 24 Heures : « Cesla Amarelle signe le retour en grâce de l’apprentissage allégé » (20/02/2020)

    >> Article dans HR Today : « La stigmatisation de l’apprentissage en deux ans appartient au passé » (04/02/2020)

    >> Article dans INFO!  Bulletin d’information de la Fédération vaudoise des entrepreneurs No 17: « Une première marche vers la réussite » (Automne 2020)

    >> Plus d’informations sur le site du canton