Actualité
Reportage
Esprit entrepreneurial et responsabilité sociale : un ADN promis à un bel avenir
A la rentrée prochaine, la Sàrl Aplika ouvrira sa première place d’apprentissage, après avoir testé plusieurs stagiaires envoyés par la Fondation Jobtrek. La petite entreprise bouclera ainsi une première boucle en répondant aux vœux de sa marraine, l’Association Projet Jobtrek, qui l’a aidée à naître afin d’apporter une réponse entrepreneuriale à un problème social. En haut de gauche à droite: Etienne Champion et Daniel Cazes. En bas: Mia Hempel, sélectionnée pour l’apprentissage en réseau Jobtrek, et Michaël Ziehli, formateur expert pour l’apprentissage en réseau Jobtrek. ©Insertion Vaud
Avec une quarantaine de jeunes en mesure d’insertion socioprofessionnelle de transition, la Fondation Jobtrek dispose d’une jolie cordée de candidat·e·s à l’apprentissage. Dans les quelques mois à venir, un de ses défis sera de placer l’un·e ou l’autre de ces participant·e·s comme apprenti·e employé·e de commerce au sein de l’entreprise Aplika, spécialisée dans la gestion administrative de PME.
Au cours des prochaines semaines, la Sàrl basée à Yverdon-le-Bains va observer très attentivement trois bénéficiaires de la mesure Jobtrek avant d’arrêter son choix. Aplika remplira ainsi pleinement un des objectifs ayant mené à sa création le 1er janvier 2018 : celui de contribuer à l’insertion des jeunes en difficulté.
C’est au sein de l’atelier de création d’entreprises de Jobtrek que s’est déroulée la gestation d’Aplika en 2017. « Avec le Projet Jobtrek, nous avons deux missions : une est l’insertion, l’autre le soutien aux entreprises qui ont un ADN Jobtrek », explique Daniel Cazes, fondateur de l’Association Projet Jobtrek et directeur de la Fondation Jobtrek. Les deux brins de cet ADN, capturés en une formule, se définissent selon son créateur comme « une réponse entrepreneuriale à un problème social ».
Du chômage à la direction d’entreprise
Pour le directeur d’Aplika, la même recette a été appliquée avec lui-même : ancien banquier diplômé d’HEC, Etienne Champion avait connu une longue période de chômage avant de se voir proposer la gestion administrative de Jobtrek. Puis très vite le projet d’Aplika s’est développé, et ces tâches ont été transférées à la nouvelle entreprise. Si Jobtrek a été l’incubateur et le premier client, Aplika répond maintenant à une quinzaine d’autres mandants, autant de PME qui lui délèguent leur comptabilité, le suivi des salaires et des assurances sociales, la facturation, les bouclements, etc. Pas trop rébarbatif, pour un ex-financier ? Le directeur assure que non, affirmant trouver « beaucoup d’intérêt à optimiser les processus ».
En parallèle de la croissance rapide de son entreprise, Etienne Champion a suivi les cours de formateur d’apprenti et décroché l’autorisation du canton d’engager une première recrue. Rôdé à la gestion de projet et au coaching dans son ancien métier, il se réjouit de pouvoir transmettre ses connaissances à des jeunes, qu’il a déjà l’habitude de côtoyer, non seulement en tant que père de trois enfants déjà ou presque adultes, mais également parce que dès le début du projet, les « trekkis » ont été mis à contribution : leur participation aux ateliers de création d’entreprise de Jobtrek fait en effet partie du cursus de la mesure d’insertion. « En plus d’amener leur regard de jeune et de stimuler leur créativité, cela permet de déceler ceux à qui la gestion d’entreprise parle, de voir si le métier d’employé de commerce les concerne vraiment », souligne le directeur d’Aplika.
En route pour le réseau d’entreprises formatrices
L’apprenti·e qui sera engagé·e pour la prochaine rentrée aura plus d’une occasion de vérifier si son projet correspond bien à ses aspirations. Car l’ambition de Jobtrek est de créer un véritable réseau d’entreprises formatrices pour des apprenants, appelés à tourner et dont Aplika sera l’une des étapes, mais non la seule, sur le chemin du CFC. Apprentis et formateurs devront donc tous faire preuve d’adaptation, une ressource très demandée à une époque où l’on n’a jamais autant parlé d’agilité et de compétences comportementales.
Ce n’est pas pour faire peur à Etienne Champion, au nom quasiment prédestiné pour le challenge. Lui qui reconnaît avoir accepté « un important sacrifice salarial » en effectuant sa reconversion insiste surtout sur la « magnifique expérience du point de vue humain » que constituent Aplika et le projet Jobtrek, tout-à-fait en phase avec ses valeurs, comme le prouvent ses différentes activités bénévoles. Il est notamment président de la Fondation « Repris de Justesse », qui organise des concerts dans les prisons, et a créé la Fondation Santonomia, spécialisée dans les questions de fin de vie. En s’intéressant maintenant à prévenir la rupture socioéconomique des jeunes au début de leur parcours, lui aussi boucle ainsi la boucle.
Reste à souhaiter à la Sàrl Aplika d’attirer toujours plus de nouveaux clients, afin d’offrir davantage de places d’apprentissage à des jeunes en insertion et permettre aux entreprises mandantes d’assumer indirectement une forme de responsabilité sociale. C’est en tout cas le type de contagion positive qu’une économie plus solidaire pourrait instaurer.